Métamorphoses : Les devenirs dans la poésie contemporaine

Une compilation assemblée par Karianne Trudeau Beaunoyer

Une introduction, selon Karianne

La métamorphose signale un changement de forme, à la fois le passage d’un état à un autre et le résultat de cette transformation. Le terme provient du grec morphè (qui renvoie à la forme) et du préfixe méta (qui exprime la réflexion, le changement, le fait d’aller au-delà). Dans les poèmes sélectionnés pour cette compilation, l’identité est l’enjeu principal des métamorphoses qui nous font nous demander qui nous voulons être et comment nous devons nous y prendre pour y parvenir. La métamorphose peut être un outil de séduction pour « faciliter les passages », comme l’écrit Camille Readman Prudhomme ; elle peut servir à fuir, à se cacher pour échapper à quelqu’un ou à quelque chose. Elle est un outil pour accéder à la connaissance, à certaines choses interdites à certaines formes. Dans Les miraculeuses de Vanessa Courville, le « devenir animal » permet de renouer avec le soin du plus vulnérable que soi. La métamorphose peut être subie ou voulue, naturelle – comme celle du corps qui change en vieillissant – ou surnaturelle – comme chez les êtres légendaires. Certaines métamorphoses relèvent du déguisement ou de la ruse, d’autres encore engagent un changement profond en marquant une rupture dans sa propre histoire comme chez Emné Nasereddine. La transformation n’est pas nécessairement définitive, elle peut être transitoire et cyclique.

Les métamorphoses peuvent concerner l’apparence ou la vie intérieure. On ressent parfois la nécessité d’accompagner des changements internes par des transformations visibles : on se coupe les cheveux après une rupture amoureuse, on s’achète des vêtements avant une rentrée scolaire, mais la nouvelle tête et les vêtements neufs signalent que nous aussi avons changé en dessous de notre tignasse et des tissus que nous revêtons. Parfois, la métamorphose nous permet aussi de dissimuler des choses qu’on a l’impression qu’on ne peut pas dire derrière des transformations (dans les poèmes, cela peut se traduire par des figures de style comme la métaphore ou la comparaison, par exemple) pour faire en sorte qu’elles puissent être reçues.

Cette compilation collige des poèmes qui interrogent les « devenirs » dans la poésie contemporaine : quelles transformations subit – ou se fait subir – le sujet dans certains poèmes ? À quelles fins ? Que peut la métamorphose pour le poème ? Elle colore la peau du bras qu’elle caresse chez Fiorella Boucher, elle permet à Nadine Ltaif de raconter l’odyssée du Phénix. Les vertèbres de Camille Paré-Poirier se changent en hiéroglyphes, le bois de l’arbre en cercueil dans « Le jardin » de Marc-Antoine K. Phaneuf, et le sujet poétique dans les poèmes de cette compilation, est en perpétuel devenir.

Les poèmes

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